Les Allemands aiment les structures. Et en Allemagne, la norme depuis des décennies veut qu'une voiture bénéficie d'un facelift au bout de quatre ans. Ce Q8 e-tron est donc tout simplement le facelift de l'e-tron, même si on lui fait déshonneur. Après tout, il s'agit d'un produit électrique bien plus mature à tous points de vue, avec une plus grande autonomie, une meilleure tenue de route et la finition irréprochable d'Audi.

ATTENDEZ, Q8 ?

Comme Mercedes et BMW, Audi s'est quelque peu emmêlé les pinceaux dans la dénomination de sa gamme électrique. En effet, bien que le terme « e-tron » soit utilisé pour indiquer qu'il s'agit d'un véhicule électrique, il existe bien sûr aussi l'e-tron original. Ce dernier fait donc l'objet d'un changement de nom pour rendre les choses un peu plus claires.

Pire encore, à l'avenir, tous les modèles électriques d'Audi porteront un numéro pair (A4, A6, Q6, etc.), tandis que les modèles à moteur à combustion interne porteront un numéro impair. Bienvenue dans le monde merveilleux du marketing…

MIEUX RATIONALISER...

Plus important encore, la désignation Q8 vous permettra de ne pas vous tromper d'e-tron. Car cet Q8 e-tron fait un bond d'un kilomètre par rapport à l'exemplaire d'avant le facelift. Cela ne se voit pas au premier coup d'œil, car la mise à jour reste modeste sur le plan visuel. La calandre (dont une électrique n'a pas besoin) reçoit une peinture un peu plus épaisse et il y a quelques nouvelles couleurs et jantes. Cela s'arrête à peu près là.

Ou du moins pas tout à fait, car Audi est fier d'annoncer que le Q8 e-tron dispose désormais d'une carrosserie plus aérodynamique. En chiffres, cela se traduit par un coefficient de traînée aérodynamique réduit de 0,28 Cd à 0,27 Cd (de 0,26 Cd à 0,24 Cd pour la Sportback). Cependant, notre diplôme d'ingénieur aéronautique n'est plus assez récent pour savoir que cela peut maintenant faire une vraie différence en termes d'efficacité pour un gros SUV de 2,5 tonnes. Quoi qu'il en soit, chaque chose en son temps.

Grosse évolution

Mais dans le cas du groupe motopropulseur, les choses changent vraiment. Audi a donc tenu compte des critiques formulées à l'encontre de l'e-tron original. La petite batterie de 64 kWh du modèle d'entrée de gamme est donc reléguée aux oubliettes et la 50 quattro embarque désormais une batterie plus généreuse de 89 kWh (net). Ainsi, même avec le modèle de base, il est enfin possible de parcourir plus de 300 kilomètres avec une seule charge. Enfin, avec espoir…

Mieux vaut opter pour la 55 quattro, comme notre exemplaire d'essai. La batterie passe alors à 106 kWh (net). En conséquence, on parle soudain d'une autonomie de 582 km…sur papier ! On a enregistré une consommation moyenne de 21,2 kWh/100 km, ce qui nous a permis de parcourir 500 kilomètres avec la Q8 e-tron Advanced 55 quattro. Pour vous donner une idée, il y a quatre ans, on avait à peine parcouru 355 kilomètres avec l'e-tron 55 quattro. Bref, un bond en avant

UN MEILLEUR ÉQUILIBRE

La batterie n'est d'ailleurs pas la seule nouveauté sous la carrosserie. Pour le nouveau Q8 e-tron, le moteur asynchrone de l'essieu arrière a été modifié. Au lieu de 12 bobines, ce sont désormais 14 bobines qui créent le champ électromagnétique. Ainsi, à alimentation électrique équivalente, on obtient un champ magnétique plus puissant. En français : plus de couple et plus d'efficacité. Mais cela ne se voit pas tout de suite en chiffres, car Audi parle toujours d'une puissance de 408 ch et de 664 Nm pour la 55 quattro. Plus qu'il n'en faut, bien sûr, si l'on en juge par les 5,6 secondes du 0 à 100 km/h.

Ce que l'on remarque, c'est qu'Audi a déjà plusieurs années d'expérience dans le domaine des électriques. L'expérience globale est beaucoup plus réussie dans ce Q8 e-tron. Bien qu'il s'agisse toujours d'un géant sympathique, il parvient à mieux dissimuler son poids et se montre beaucoup plus vif dans l'ensemble. En outre, vous recherchez l'une des expériences de conduite les plus confortables ? Dans ce cas, le BMW iX fait peut-être un peu mieux. Mais souhaitez-vous à son volant ?

DÉFAUTS CACHÉS

En résumé, le Q8 e-tron montre ce que l'on obtient quand on combine la finition impeccable d'Audi avec la technologie moderne des véhicules électriques. Il est donc dommage qu'Audi ne puisse pas cacher que ce Q8 e-tron repose sur un châssis quelque peu dépassé. Qu'entendons-nous par-là ? La recharge se fait toujours à 11 kW en courant alternatif et 168 kW en courant continu. À une époque où les 22 kW AC et les +250 kW DC deviennent la norme pour les électriques haut de gamme, c'est un peu décevant.

D'autant plus qu'Audi augmente la facture du Q8 e-tron. Il faut sortir un minimum de 79 480 € en travers de sa gorge pour l'exemplaire de base et notre version d'essai affichait - après options - 112 740 €. D'accord, un BMW iX ou Mercedes EQE SUV ne vous coûtera pas moins cher, mais ces prix sont complètement à côté de la plaque. Pour ce prix, vous avez aussi la Tesla Model X, techniquement plus avancée, et pour bien moins cher, on trouve, par exemple, un Kia EV9 ou - complètement hors des sentiers battus - le Hongqi e-HS9.

CONCLUSION

Deux lettres de plus, c'est tout ce qu'il faut pour nous faire oublier l'e-tron original. Ce Q8 e-tron est devenu un meilleur produit à tous points de vue, sans toucher à la finition irréprochable d'Audi. Oui, la concurrence est grande de nos jours, mais pour un grand SUV de luxe à moteur diesel ou essence, c'est l'étape la plus facile à franchir.