Nous vous emmenons en Chine en 1958, que vous le vouliez ou non. À l'époque, le pays était encore totalement sous l'emprise de l'Union soviétique et c'est dans ce contexte que la marque automobile Hongqi a été créée. Le nom donne une idée de ce que l'on pouvait attendre de ces voitures à l'époque, car en chinois, "Hóngqí" signifie autant que "drapeau rouge". En d'autres termes, le constructeur a construit des limousines de luxe dans le plus pur style soviétique jusqu'aux années 1980, date à laquelle la production a cessé. Dans les années 90, Hongqi revient, mais avec un tout nouvel objectif : conquérir l'Occident.

ROLLS-ROYCE ? CADILLAC ?

Voici le Hongqi E-HS9, la première voiture du constructeur autorisée à circuler sur le sol belge. Ce qui en fait tout sauf la première chinoise sur nos routes, même si nous osons dire qu'il s'agit de la chinoise la plus marquante sur nos routes. En effet, cet Hongqi est l'une des voitures les plus remarquables que nous ayons jamais été autorisés à conduire en public, toutes catégories confondues. Ainsi, presque partout où nous sommes allés, nous avons dû répondre aux question des passants qui pensaient voir une Cadillac ou une Rolls-Royce... Et ce dernier point en particulier n'est pas une pure coïncidence !

Ainsi, cet Hongqi a été dessiné par nul autre que Giles Taylor, qui était designer en chef chez Rolls-Royce jusqu'en 2018. La face avant rappelle donc celle de la Rolls-Royce Cullinan, et les dimensions sont également assez proches : le E-HS9 mesure plus de 5,2 mètres de long et 2 mètres de large. Vu de l'arrière, le design du SUV est un peu moins frappant, mais il y a toujours l'éclairage LED nécessaire pour le mettre en valeur. Les feux arrière sont reliés par une barre continue, vous trouverez une série de lumières turquoises dans les montants C qui affichent l'état de charge, et la face avant comprend non seulement des bandes de LED à côté de la calandre, mais aussi une bande centrale éclairée en rouge. Bref, de jour comme de nuit, tout le monde vous aura vu.

QUALITÉ DE FABRICATION EXCEPTIONNELLE

À l'intérieur, tout ce faste se poursuit sans discontinuer. Par exemple, dans les versions supérieures, vous êtes accueilli par un tableau de bord qui contient non pas un, ni deux, ni même trois, mais tout simplement quatre écrans. En plus de l'écran central d'infodivertissement, il y a donc un écran numérique pour le conducteur et un écran de divertissement pour le copilote, tandis que la climatisation dispose de son propre écran au-dessus de la console centrale. Cela signifie que vous devez toucher pas mal de choses pendant que vous conduisez, car il n'y a pratiquement pas de boutons physiques dans cet habitacle. Toutefois, si vous avez besoin d'aide, vous pouvez poser de nombreuses questions à l'assistant virtuel qui peut être appelé "Hey Hongqi" - et nous l'avons essayé : il répond également à "Hey donkey" et "Hey monkey" !

Bien sûr, ces écrans ne sont pas les seuls éléments du E-HS9 qui respirent le luxe, il suffit de regarder ces sièges. Alors que la version de base propose une banquette trois places dans la deuxième rangée de sièges, les versions "Président" sont équipées de fauteuils capitaines réglables électriquement, chauffants et rafraîchissants. Derrière, vous trouverez également deux sièges rabattables à commande électrique pour un total de six places. La troisième rangée de sièges n'est pas vraiment spacieuse, mais même là, vous trouverez un panneau séparé pour la climatisation dans les versions supérieures. En outre, presque tout semble solide et lourd. Étonnamment lourd même…

Quelle batterie BATTERIE !

Vous l'avez probablement déjà compris, mais cet Hongqi est en fait purement électrique. Ainsi, sous le plancher d'un E-HS9, vous trouverez l'une des trois batteries possibles : une de 84 kWh (76,5 kWh net), une de 99 kWh (90 kWh net) ou une énorme de 120 kWh (111 kWh net). Notre version "President Long Range" était équipée de ce dernier pack de batteries, et par "Long Range", on entend qu'il devrait vous permettre de parcourir 515 kilomètres selon le cycle WLTP. Cependant, une telle batterie n'est pas sans inconvénients, car toute cette technologie pèse naturellement très lourd. Ajoutez à cela un intérieur aussi solidement construit et vous obtenez un poids à vide de - tenez-vous bien - 2 705 kilos !

Heureusement, chaque E-HS9 est doté d'une puissance suffisante pour faire bouger cette masse. Ainsi, quel que soit le niveau de finition, vous disposez de deux moteurs électriques - un sur l'essieu avant et un sur l'essieu arrière - qui, ensemble, apportent 435 ch et 600 Nm de couple aux quatre roues dans la version de base, ou 551 ch et 750 Nm de couple dans les versions supérieures. Les résultats sont impressionnants, car en mode de conduite "Extrême", vous passez de 0 à 100 km/h en seulement 4,9 secondes, tout en grimaçant de peur. S'il vous reste de la place, le Hongqi peut atteindre une vitesse de pointe de 200 km/h. Nous, on s’est arrêtés à des vitesses bien inférieures.

CONSOMMATION DE DEUX TESLA

Il suffit de prendre quelques virages avec cet engin pour se rendre compte que les Chinois ne l'ont pas destiné à une conduite sportive. Il faut donc rouler doucement, car si vous commandez votre E-HS9 avec une suspension pneumatique, celle-ci parvient miraculeusement à maintenir les mouvements de caisse à un minimum. D'ailleurs, une partie de ce poids est manifestement constituée de kilos et de kilos d'isolant, car il n'y a pratiquement aucun bruit de roulement ou de vent. De plus, la voiture réagit merveilleusement bien à l'accélérateur ; il est juste dommage que nous n'ayons pas trouvé de régénération réglable.

Il ne faut pas croire qu'une régénération supplémentaire ferait soudain du Hongqi une électrique économique. Au contraire, un simple coup d'œil à la face avant du E-HS9 vous indique que tout espoir est perdu. Notre exemplaire a consommé en moyenne 34,8 kWh/100 km et si ce chiffre ne vous dit rien : c'est facilement deux fois plus que, disons, une Tesla Model 3. Par conséquent, en réalité, nous n'aurions pu tirer qu'un peu plus de 300 kilomètres de cette batterie de 120 kWh. Certes, il faisait un froid glacial lors de notre essai, mais même là, une telle consommation reste inédite. Et avec une capacité de charge rapide de 140 kW, il vous faudra environ une heure sur la route avant de pouvoir continuer…

BOÎTE À CARACTÈRES CHINOIS

Ce n'est d'ailleurs pas le seul inconvénient que nous avons découvert lors de notre test. Vous ne savez pas non plus jusqu'où vous pouvez réellement rouler, car l'ordinateur de bord ne tient pas compte de la consommation réelle. Ainsi, à 100 % de sa capacité, votre Hongqi affiche simplement ses 515 kilomètres WLTP, et à 80 %, elle affiche exactement 80 % de ces 515 kilomètres. Cela ne vous sert donc pas à grand-chose, et il en va de même pour des éléments comme le réglage des rétroviseurs latéraux et les commandes de la radio, qui sont inutilement compliqués. En outre, nous avons noté que, quelle que soit la version, vous ne pouvez pas obtenir un affichage tête haute et la reconnaissance des panneaux de signalisation, et ce dernier n'est pas seulement pratique, mais aussi obligatoire pour tous les modèles en Europe à partir du milieu de cette année, Hongqi.

Cependant, il y a un "mais", et en ce qui nous concerne, il n'est pas négligeable. On a eu ce E-HS9 pendant quatre jours, après quoi nous avons dû la rendre avec un pincement au cœur inattendu. Nous ne disons pas cela en dépit du fait qu'il s'agit d'une voiture chinoise, mais simplement parce qu'il s'agit d'une voiture chinoise. Par exemple, le nom de la marque est écrit partout en caractères chinois et, lorsque vous montez à bord, vous êtes accueilli par une mélodie qui vous fait immédiatement penser au numéro que vous allez appeler ce soir pour joindre le restaurant Asiatique local. On a du mal à le dire, mais les voitures chinoises sont tellement plus intéressantes lorsqu'elles n'essaient pas de cacher le fait qu'elles sont chinoises. Tout à coup, vous obtenez une voiture qui, malgré ses défauts, est fière de ce qu'elle est et c'est ce que nous appelons, mesdames et messieurs, une "boîte à caractère".

LA PLUS CHIC DES HONGQI

Sans parler du prix, un autre point sur lequel le Hongqi E-HS9 est difficilement comparable. La version de base est disponible à partir de 69 995 € et la version "Business" est équipée de série de 7-places, d'un volant chauffant, de sièges chauffants sur la première et la deuxième rangée de sièges, d'un réglage électrique des sièges avant, d'un régulateur de vitesse adaptatif et nous pourrions honnêtement continuer pendant encore quelques paragraphes.

Pour le plus chic des Hongqi, il faut alors débourser 102 995 € et là, tout ce qu'on peut vraiment ajouter, c'est une attache remorque, des barres de toit et un coffre à l’avant. Et non, on ne sait pas non plus pourquoi il faut ajouter 495 € pour ce dernier…

CONCLUSION

Le Hongqi E-HS9 est une voiture difficile à examiner. Il y a pas mal de lacunes fonctionnelles - sans parler de sa consommation irresponsable - mais elles sont quelque peu compensées par son prix. Il n'est pas bas, mais il vous semblera l'être lorsque vous verrez le type d'équipement et surtout l'apparence. En effet, de l'extérieur, il ressemble à une Rolls-Royce, mais il n'en est pas une. Il s'agit d'une voiture chinoise, et il en est fier.