Si, de nos jours, toutes les voitures de sport ont droit à une variante axée piste, c'était tout à fait exceptionnel au début des années 2000. En 2004, il y avait déjà la Porsche 911 GT3 RS et Ferrari avait aussi un jouet pour la piste avec la 360 Challenge Stradale. C’est à peu près tout. Les ingénieurs de BMW M, cependant, travaillaient dans les coulisses sur une voiture qui allait changer cela pour toujours : la e46 M3 CSL.

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EMBLÉMATIQUE SOUS LE RADAR

Si BMW ne rechigne pas à afficher des badges, elle s'est montrée remarquablement économe des lettres " CSL " tout au long de son histoire. En effet, à l'exception de la 3.0 CSL originale des années 1970, de la réinterprétation moderne de 2022 et de la récente M4 CSL, ce n'est qu'en 2004 que les lettres CSL ont été apposées à l'arrière de la carrosserie. Sur le fessier de l'une des M3 les plus acclamées jamais construites, d'ailleurs. Car la M3 e46 est sans doute l'une des meilleures voitures à conduire de ces 30 dernières années. Cette CSL tourne tous les boutons dans le rouge.

Ça ne se voit pourtant pas. Il faut déjà être connaisseur pour se rendre compte que l'on est en présence d'une rareté absolue. Le pare-chocs avant avec une seule prise d'air est déjà un indice. Il en va de même pour le coffre au becquet en queue de canard intégré. Des détails qui ont depuis été copiés à maintes reprises sur les M3 suivantes. Cependant, ce sont les éléments que l'on ne voit pas immédiatement qui font la différence. Les pare-chocs sont en matériau léger, le capot en aluminium, le toit en fibre de carbone et la lunette arrière en verre plus fin. Aujourd'hui, on trouve cela normal sur une version piste d'une BMW M ; en 2004, la CSL lançait la tendance.

PNEUS CUP DE SÉRIE

Le résultat de ce régime? Une perte de 185 kilos. Cela ne semble pas énorme, mais la M3 CSL ne pèse ainsi que 1 285 kg au crochet. Une Volkswagen Polo GTI moderne est plus lourde. Une voiture de sport légère avec une répartition des masses de 50/50, des barres antiroulis plus épaisses, un rapport de direction plus court et une suspension plus agressive. Ça commence à ressembler à un jouet de piste.

La modification la plus extrême de cette M3 CSL n'a pas été apportée par BMW. Non, la marque allemande s'est adressée aux français de chez Michelin et elle a demandé un jeu de pneus Pilot Sport Cup spécifiques. Des pneus semi-slick spécialement conçus pour la piste. Ils sont parfaits pour pulvériser les temps au tour, mais moins recommandés pour les routes publiques. Pas de panique : BMW a apposé un autocollant à l'intérieur pour indiquer qu'il n’était pas conseiller de rouler sous la pluie. À vos risques et périls, en d’autres mots.

CETTE boîte...

Tous les changements dont on a parlé jusqu'à présent palissent en comparaison à ceux que BMW a apportés au groupe motopropulseur. Il faut dire que l'emblématique M3 CSL est dotée d'un point distinctif. Il s'agit de la transmission automatique SMG II. BMW a retiré la savoureuse boîte manuelle à six rapports et l'a remplacée par une boîte manuelle robotisée. Sa réputation ? Être très…euh…lente !

D'accord, on exagère peut-être un peu, mais par rapport aux automatiques modernes, cette SMG II fonctionne de manière très archaïque. Enfin, que au jour le jour. Il suffit de mettre le mode qui induit les changements de rapports les plus féroces et la M3 CSL prend vie. Dans la mesure du possible, bien sûr. Il faut aussi se rappeler que cette technologie n’en était qu’à ses balbutiements…

Cohabitation

Dès lors, les premiers mètres au volant de la M3 CSL donnent une impression d'étrangeté. Non seulement parce que l'on se rend compte que l'on est au volant d'un engin de plus de 100 000 €, mais aussi parce que le fameux 6-cylindres (S54) atmosphérique de 3,2 litres à l'avant est accouplé à une boîte de vitesses archaïque. Comme si une Fender Telecaster devait jouer via un Nokia 3310. D'ailleurs, ce S54 n'a pas été prélevé sur la M3 e46 de base sans modifications. Des arbres à cames modifiés, un système d'échappement retravaillé et une boîte à air géante en fibre de carbone apportent une touche de « pédigrée de course » supplémentaire. Les performances ? 360 ch et 370 Nm de couple.

Cette CSL est donc plus puissante qu'une M3 ordinaire. 17 ch et 5 Nm de couple supplémentaires, ce n'est pas si mal. D'autant plus que la transmission automatique SMG est si particulière que l'on a l'impression de conduire une voiture complètement différente. Ce que l'on ressent, c'est la vivacité, même après presque 20 ans. À basse vitesse, le différentiel arrière est pétulant, mais quand on laisse la CSL se dégourdir les jambes et elle se conduit aussi bien que n'importe quelle voiture de sport moderne. Voire même peut-être mieux…

RARE

BMW a construit moins de 1 400 exemplaires de cette CSL, invariablement en Silver Grey ou en Black Sapphire. On comprend donc pourquoi il s'agit du modèle le plus convoité parmi les M3 e46. Ce qui se voit aussi aux prix. Ils commencent aux alentours de 100 000 € et atteignent 200 000 € pour les exemplaires dans un état exceptionnel. Le fait est que la e46 M3 ordinaire est déjà une si bonne voiture à conduite fait que le passage à cette CSL est surtout une question de valeur " de collection ".

On est encore plus reconnaissant que la société belge Power Plus Engineering nous ait confié les clés de leur CSL. Alors qu'il pleuvait ! Car si cette CSL ressemble à une BMW comme les autres, on se rend compte à chaque seconde que l'on est sur la route avec un morceau d'histoire irremplaçable. Comme si on faisait un détour par le Jardin des Tuileries avec la Joconde.

CONCLUSION

La e46 M3 CSL est à juste titre une icône au pays des BMW M. Elle est pionnière à bien des égards. Bien qu’on soit habitués en 2023 à une voiture de sport équipée de fibre de carbone, de pneus slick et d'une boîte robotisée, on le doit en grande partie à cette M3 CSL.

Merci à Power Plus Engineering pour cet essai !