Si vous êtes un peu familier avec le monde de l'automobile, vous avez sans doute entendu parler de la 911 GT3. Ce que beaucoup ne savent pas, en revanche, c'est jusqu'où Porsche va dans le développement de cette variante de la mythique 911. En effet, bien que cela semble n'être que l'étape suivante sur l'échelle des performances, l'histoire n'est pas si simple. Lorsque Volkswagen veut lancer une version plus performante de la Golf GTI, ils augmentent la puissance du moteur existant. Il en va de même pour McLaren qui utilise un seul et même V8 pour toute sa gamme. Cette GT3 ? Elle a autant de points communs avec une Turbo S qu’une Breitling a avec un repas McDonalds.

GOT WING ?

Pour Porsche, la 911 GT3 est la vitrine des connaissances que la marque allemande de voitures de sport a accumulées ces dernières années en matière de course. Elle l'a fait pour la première fois en 1999 et le fait encore plus de vingt ans plus tard. En bref, là où les 911 "classiques" sont une symbiose de luxe et de performances, cette GT3 est un concentré de performances. Ce qui vous donne immédiatement une excuse pour ce gigantesque spoiler à l'arrière. Les ingénieurs voulaient que le spoiler avec le "col de cygne", où les points de fixation sont en haut, soit beaucoup plus grand ! Cependant, l'Europe les a obligés à respecter les dimensions de la voiture. Quoi qu'il en soit, cette barre à l'arrière exerce un appui énorme à haute et moyenne vitesse. En langage humain : la GT3 colle beaucoup plus à la route pour plus de stabilité en ligne droite et plus d'adhérence en courbe.

Il faut dire aussi que la 911 GT3 apparaît comme plutôt modeste. Dans les limites dans lesquelles nous devons comparer cette voiture, bien sûr. Prenez par exemple une Lamborghini Huracan STO ou une Mercedes-AMG GT Black Series. Ici, les flancs sont merveilleusement minimalistes, sans entrées d’air tape-à-l'œil, et le museau ne mesure que quelques centimètres de plus pour permettre une meilleure aérodynamique et un meilleur refroidissement. La magie de la 911 GT3 s'opère principalement sous la voiture. Car avec un plancher presque plate, la GT3 est, pour ainsi dire, aspirée par le sol. Comment font-ils pour refroidir le moteur à l'arrière sans avoir recours à des évents de refroidissement gigantesques ? C'est toujours un mystère pour nous...

GUMMI VERBOTEN !

Maintenant que nous jetons un coup d'œil sous la carrosserie, nous pouvons nous concentrer immédiatement sur la suspension. Elle est basée sur celle de la 911 RSR, la voiture de course utilisée par Porsche dans les courses d'endurance. Par conséquent, cette 911 GT3 reçoit (pour la première fois) des doubles triangles avant et divers joints en caoutchouc sont remplacés par des rotules en métal pur. En d'autres termes, tout caoutchouc qui apporte un peu de confort supplémentaire (en absorbant les vibrations) est envoyé à la poubelle. Le résultat est que le volant dans le cockpit est relié aux gommes avant presque sans aucune intervention du caoutchouc.

Et puis il y a le moteur. Quel moteur ! Là où les concurrents équipent souvent le moteur existant avec un turbo plus gros, un meilleur refroidissement et un supplément de puissance, Porsche emprunte une voie différente. Le 6-cylindres boxer atmosphérique de 4,0 litres à l'arrière de cette GT3 est en fait un frère direct du moteur de course utilisé dans la 911 GT3. Sans exagération. Parce que le moteur de course et le moteur à l'arrière de cette 911 GT3 sont construits dans la même chambre. La différence ? Très probablement le filtre à particules sur de la version street. Mais comment Porsche a-t-il réussi à faire passer ce fantastique moteur par l'homologation européenne ? Encore une fois, c'est un mystère pour nous...

Track ou Touring ?

Récapitulons : la 911 GT3 emprunte à la fois la suspension et le moteur à diverses voitures de course et possède un énorme aileron à l'arrière. Et l'intérieur ? Eh bien, la GT3 est remarquablement plus modeste à cet égard. Pas de panneaux de porte ou de tableau de bord dénudés là où la meule a été utilisée pour retirer le système d'infodivertissement. Il y a même des poignées de porte au lieu de cordes à tirer. Qu'est-ce que c'est, une Rolls-Royce ? Porsche affirme avoir écouté le client, car les précédents clients de la GT3 (croyez-le ou non) avaient demandé un peu plus de confort intérieur.

Toutefois, Porsche ne serait pas Porsche si elle n'offrait pas la possibilité de faire évoluer la voiture. Par exemple, vous pouvez remplacer les confortables sièges sport par des sièges baquets fixes (moyennant un surcoût considérable) et ils installent gratuitement un arceau de sécurité en acier, ainsi qu'un extincteur homologué de 1 kg. Voilà qui est plus digne de la piste. Si vous préférez aller dans l'autre sens, Porsche retire gratuitement le spoiler à l'arrière de cette GT3 via le Pack Touring. Cependant, avant que vous ne le sachiez, vous aurez dans votre garage un jouet de trackday d'une valeur de plus de 200 000 euros. Oseriez-vous encore aller sur piste ?

BÊTE MÉCANIQUE

Nous vous devons encore un essai sur piste ; nous avons entièrement conduit la 911 GT3 sur des routes publiques. Ce qui frappe immédiatement, c'est le peu de compromis que la GT3 a dû faire sur la voiture de course GT3 Cup. D'accord, les sièges chauffants et un gigantesque système d'infodivertissement avec Android Auto et Apple Carplay ne sont pas des éléments que l'on rencontre immédiatement sur une voiture de course…mais voilà les plus grandes différences. Après seulement 300 mètres, on a le sentiment de faire quelque chose d'illégal. Après tout, les voitures de course ne sont pas autorisées sur les routes publiques, n'est-ce pas ? Le moteur est pétulant en dessous de 2 000 tr/min, on entend les cailloux contre le dessous de la carrosserie et le bruit de roulement des pneus n'est pas étouffé par l'isolation des passages de roue.

Dans chaque fibre de la GT3, on ressent l'envie d'accélérer. Cette Porsche n'est pas heureuse sur le ring de Bruxelles, cette Porsche veut aller au Nürburgring. Si vous partez à la recherche de quelques belles routes belges, la combinaison du moteur et de la boîte de vitesses (oui, même la PDK automatique) suscite une certaine sensation dans vos parties inférieures. Le 4,0 litres à l'arrière est une œuvre d'art en soi. Une bête mécanique qui hurle de plaisir jusqu'à 9 000 tr/min et qui recommence encore et encore. Avec ses 510 ch et 470 Nm, sur papier, cette 911 GT3 n'a rien à envier aux plus de 700 ch de certaines autres rivales. Or, les chiffres sont une absurdité totale, comme le prouve avec brio cette 911.

OBLIGATOIRE de track day

En plus d'un moteur, cette 911 GT3 est bien sûr dotée d'une suspension. Celle de la voiture de course RSR, vous vous souvenez ? Cette suspension communique (en raison de l'absence de caoutchoucs) purement ce que fait le train avant et vous donne confiance pour pousser le train arrière un peu plus loin courbe après courbe. Cependant, soyons honnêtes : sur les routes publiques, vous ne vous approcherez même pas des limites de la suspension. Ce qui nous a frappé, c'est que même si vous pouvez placer la 911 GT3 parfaitement là où vous le souhaitez, en termes de taille, la carrosserie de la 911 actuelle est un peu trop grande pour son propre bien. Une malédiction des temps modernes, pour ainsi dire.

Sur des circuits comme Zolder ou Spa, cela pose moins de problèmes. Ce qui soulève immédiatement un point important concernant cette 911 GT3. Celui qui achète ce racer est obligé de l'emmener sur un circuit plusieurs fois par an. Sinon, vous êtes bien mieux avec une Turbo S ou même une GTS. Non seulement parce que la suspension est trop dure pour votre propre bien, mais aussi parce que cette 911 GT3 mérite d'être saisie par le cou pour être battue. Vous n'atteindrez pas ses limites sur la voie publique.

GT3 OU GT4 ?

Combien peut coûter un jouet de piste ? Bien sûr, vous ne pouvez faire ce calcul que vous-même. Vous pouvez vous amuser avec une Mazda MX-5 qui coûte 5 000 euros, une Lotus Elise qui coûte 30 000 euros ou même une Toyota Yaris Ts qui coûte 2 000 euros. Cette 911 GT3 vous coûtera au minimum 174 639,30 euros. Ajoutez quelques options supplémentaires et vous obtenez une voiture qui vous coûtera environ 200 000 euros. Cette GT3 avec moteur et suspension de course vaut-elle ce prix ? Absolument !

Pourtant, quelque part dans le fond de notre esprit, on se dit que pour 100 000 euros de moins, on peut aussi opter pour une Cayman GT4. Une voiture qui sait aussi se tenir sur la piste et se montre moins agressive sur voie publique. Quoi qu'il en soit, si la seule alternative à une Porsche est une Porsche, alors la marque allemande de voitures de sport doit faire quelque chose de bien quelque part.

CONCLUSION

La course auto exerce une attraction mystérieuse sur l'homme. Est-ce la vitesse, la passion ou les émotions ? Quoi qu'il en soit, cette 911 GT3 sait comment amener le monde de la course sur la voie publique. C'est une voiture que vous pouvez emmener sur le circuit le dimanche pour établir un record de piste et le lundi vous pouvez emmener votre enfant à l'école. Le reste de la semaine, vous feriez mieux de la garder dans le garage…histoire de sauver votre dos.