" Ceci n'est pas une voiture ", voilà comment les propriétaires de cette Microlino décrivent leur création. On ne peut pas les blâmer, car avec une longueur d'à peine 2,52 mètres, de la place pour deux personnes et une vitesse de pointe de 90 km/h, on peut difficilement qualifier cette petite boule insolente e voiture à part entière. La Microlino se situe donc tout à fait dans le segment des cyclomoteurs, un segment qui, jusqu'à présent, a connu des entrées peu inspirées sur nos routes. La Microlino va-t-elle changer cela ?

D'OÙ VIENT CETTE MICROLINO ?

Tout d'abord, d'où vient soudainement cette Microlino ? Eh bien, le terme " soudainement " est peut-être un peu exagéré, car on a eu notre premier aperçu en 2016 lors du défunt Salon de l'Auto de Genève. Cette Microlino est une invention de la famille suisse Ouboter, une famille dont les membres portent des noms à consonance tels que " Wim ", " Oliver " et " Merlin ". En collaboration avec l'université de Zurich, ils ont imaginé une interprétation moderne de la BMW Isetta. Alors que le premier prototype était encore en train d'être assemblé en Chine, le modèle de production final est maintenant construit plus de six ans plus tard à Turin (Italie) par Cecomp, une petite entreprise que vous connaissez peut-être pour - disons-le - l'assemblage de l'emblématique Lancia Delta S4.

Dire que la famille Ouboter est allée s'inspirer de l'emblématique BMW Isetta des années 1950 est d'ailleurs un euphémisme. Car sans aucun doute, cette voiture ressemble à une Isetta sortant d'une capsule temporelle, y compris la porte qui s'ouvre vers l'avant ! Ce qui est juste, c'est que dans une mer de voitures au style sportif et de SUV obèses, cette Microlino est rafraîchissante. Avec juste assez d'éléments de design futuristes pour satisfaire les jeunes branchés. Il suffit de regarder ces feux continus à l'avant et à l'arrière et ces deux lanceurs de fusée de chaque côté qui servent de feux d'une part et de rétroviseurs latéraux d'autre part. Bien que plus petit que votre garde-manger, le design est parfait.

PEUT-ON S'Y ASSEOIR CONFORTABLEMENT ?

Avec seulement 2,52 mètres de long, on comprend tout à fait les craintes en termes de confort d'assise. Après tout, l'empattement d'une Fiat 500 est plus grand. Mais c'est là que le bât blesse. La longueur et l'empattement de cette Microlino sont presque identiques ! Ou pour le dire autrement : ce Microlino a autant d'espace intérieur qu'une Fiat 500 mais doit à peine offrir de la place pour 2 personnes. Par conséquent, on peut asseoir deux adultes sur la banquette monobloc sans aucun problème. Pour autant que vous ne soyez pas hostile à un peu d'action épaule contre épaule dans les virages.

Tout est bon pour réduire l'empreinte dans le trafic, n'est-ce pas ? En outre, la largeur limitée présente un avantage supplémentaire : la colonne de direction fixe et les pédales ne sont pas positionnées complètement à gauche mais à quelques centimètres du centre. Il est donc théoriquement possible de donner brièvement le contrôle à votre passager sur la route. Mais on ne le recommande pas dans la pratique. Toujours pas convaincu par la magie de l'espace intérieur de cette Microlino ? On vous invite alors à jeter un coup d'œil au coffre. Avec un volume de 230 litres, il est nettement supérieur à celui d'une Fiat 500 (185 litres). Ou pour le dire avec les mots de Micro, le coffre de la Microlino peut contenir 3 caisses de bière. Ah voilà, maintenant vous parlez notre langue.

QUID de LA FINITION INTÉRIEURE ?

Le minimalisme de l'intérieur est quelque peu en désaccord avec l'extérieur frivole. Comme si deux départements de design différents s'étaient mis au travail. Un tube métallique au-dessus de la porte avant attire l'attention. Il est équipé d'un écran d'infodivertissement intégré et d'un support pour smartphone portant la marque Microlino. Cependant, les plastiques durs et sombres et une finition simple attirent le plus l'attention. Idem pour le frein à main et le sélecteur de vitesse sur la gauche. Ils ne semblent pas faits pour l'éternité. On peut d'ailleurs dire la même chose de la clé du Microlino. Car si la porte de cette petite boule dispose d'une fonction de fermeture douce, il faut tout de même enfoncer une clé classique dans le contact pour la réveiller. Pas de problème, sauf que cette clé est toujours à deux doigts de se désintégrer.

Maintenant, on comprend le raisonnement du design de Micro. Par exemple, la quasi-totalité de l'intérieur est constituée de plastique recyclé et de rembourrage végétalien. Ce qui leur permet sans aucun doute de faire leur part pour l'environnement. Le design n'est donc pas dans les finitions, mais dans les détails. Des détails comme l'icône Bullet Bill de Mario au-dessus du bouton sport ou le combiné d'instruments numériques juste devant votre nez qui semble (et fonctionne) mieux que ceux du groupe Volkswagen. On ne comprend pas pourquoi l’autonomie n’est pas affichée, cependant. Un petit effort Microlino ?

QU'Y A-T-IL SOUS LE CAPOT ?

Quatre roues et un klaxon. Ou, si vous voulez vraiment savoir : une batterie compacte et un moteur électrique. Ce moteur électrique est caché sur l'essieu arrière et développe invariablement 17 ch et 89 Nm de couple. Pour la batterie, la marque suisse offre aux clients le choix entre trois variantes. Il y a une petite version de 6 kWh, une variante de 10,5 kWh et une "Longe Range" avec une batterie de 14 kWh. Avec cette dernière, le Microlino peut parcourir jusqu'à 230 kilomètres selon la méthode de test, avec la petite batterie moins de 100 kilomètres. Mais soyons honnêtes, cela ne vaut que si on vit en ville, dans un climat modéré, et qu’on a le vent dans le dos.

Nous avons donc opté pour la série limitée Pioneer Series qui présente une batterie moyenne. D'après Microlino, celle-ci est bonne pour 177 kilomètres en ville. Pendant notre essai, cependant, les températures ont à peine dépassé le zéro, de sorte que la consommation a oscillé autour de 10,5 kWh/100 km. Les calculateurs rapides auront déjà compris que cela signifiait un maximum de 100 kilomètres avec notre spécimen. Pour un usage urbain, c'est plus que suffisant bien sûr, même si on voit la batterie se réduire très rapidement en roulant. En pourcentage, bien sûr ! Ce qui signifie qu’on ne sait jamais quelle distance il reste à parcourir.

L'ANGOISSE DE L'AUTONOMIE ?

Bon sang. Il faut regarder avant de se lancer, non ? C'est un de ces véhicules où l'on sait qu'un trajet d'Ostende au Signal de Botrange peut prendre deux jours (quoique). La charge rapide est hors de question (avec un maximum de 2,6 kW de charge en courant alternatif), mais d'un autre côté, la batterie est si petite qu’on voit littéralement l'autonomie augmenter à chaque minute, même sur une prise de courant ordinaire à la maison. Il n'y a donc pas eu de problème d'autonomie. Car vous savez que cette petite voiture devra principalement faire ses preuves dans un environnement urbain où le kilométrage est de facto limité. Mais ce n'est pas tout : avec sa vitesse de pointe de 90 km/h, cette Microlino se défend aussi sur les routes régionales. Compte tenu de notre développement en ruban typique, ce n'est pas un détail négligeable à prendre en compte.

En outre, ses performances ne sont pas mal, compte tenu de sa taille. Avec un 0 à 50 km/h d’à peine 5 secondes, elle se débrouille pas mal au feu rouge. Pour le plus grand plaisir des gagnants et des perdants. L'avantage de son look sympathique, pour ainsi dire. On peut être bref sur la tenue de route : elle est là...mais ne vous attendez pas à des miracles ! En raison de son poids à vide d'environ 500 kilos, il n'y a pas de direction assistée, donc la direction à basse vitesse peut sembler un peu lourde. Bien que la Microlino ait l'air d'une boule bourdonnante, sa conduite est un peu moins frivole. Notamment à cause de sa suspension. Ou plutôt, l'absence de suspension. Cette Microlino est si bien amortie que votre hernie vous supplie de sortir le vélo une fois par semaine.

20.000 € !

Une solution de mobilité plus qu'agréable, donc. Jusqu'à ce qu'on en vienne au prix, peut-être. La version la moins chère avec sa petite batterie de 6 kWh coûte déjà 17 990 €. La variante avec la " grosse " batterie ? 22 990 €. Au mètre, ça fait cher ! Malheureusement, cela place la Microlino hors de portée du portefeuille du citadin modal. À environ 20 000 € pour un véhicule sans ABS, sans airbags, avec de la place pour deux et un chauffage qui ressemble à un sèche-cheveux (et qui en est probablement un), on peut dire que le monde est devenu complètement fou…

Si l'on considère l'objectif pour lequel cette Microlino a été conçue - sortir les voitures de la ville - on peut se demander si l'on n'est pas mieux loti avec une Citroën Ami à 7 800 €, une voiture partagée ou un vélo électrique.

Cette Microlino est-elle la meilleure microvoiture que nous ayons conduite jusqu'à présent ? Oui, mais c’est aussi la plus chère.

CONCLUSION

Dans un monde idéal, la Microlino un véhicule idéal. Sauf que le monde est loin d'être idéal et qu’elle est peut-être 10.000 € trop chère. C'est un outil de marketing pour les agences immobilières, les salons de coiffure ou les plombiers italiens spécialisés dans les petits siphons. Il y a du potentiel ici, mais pour l'instant on peine à le voir. Mais avec 16 000 commandes déjà passées en Europe, Micro s'en soucie-t-il vraiment ?